« Je n’ai connu que le sport d’équipe au temps de ma jeunesse, cette sensation puissante d’espoir et de solidarité qui accompagne les longues journées d’entraînement jusqu’au jour du match victorieux ou perdu. Vraiment, le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités. » Albert Camus
Il y a 25 ans, Jean-Philippe Acensi et Jean-Claude Perrin fondaient « Fais – nous rêver » le mouvement des acteurs de l’éducation par le sport. De ce mouvement naîtra l’Agence pour l’Education par le Sport.
Le récit fondateur
La passion du sport
“ J’ai découvert le sport à 7 ans en jouant au foot avec les gamins de mon quartier à Longjumeau. Très tôt j’ai compris que la diversité est une richesse. Sur un terrain, au sein d’une même équipe, on est frères. C’est là où je me sentais exister, dans cet espace de lien social et de fraternité incroyables, marqué par la joie, l’aventure, les rencontres sportives hebdomadaires, la camaraderie, et aussi le courage, le goût de l’effort, le dépassement de soi, le travail collectif, le gout de la réussite individuelle et collective. C’était le lieu d’un apprentissage valorisant, d’une victoire sur le terrain.
Le sport est une école qui transmet des valeurs fondamentales, c’est une philosophie de la vie où tout est possible. Tout ce que j’ai appris, je le dois au sport et à mes entraineurs. L’entraineur est l’éducateur, la figure de référence, le lien de confiance, qui sait valoriser nos compétences enfouies, nos ressources. Sa générosité n’a pas de limites. Au fond je suis un pur produit de l’éducation par le sport. »
La rencontre décisive
J’avais 20 ans. C’était un honneur pour moi de rencontrer Jean-Claude Perrin, ce grand entraineur national de saut à la perche, multi- médaillé et qui entrainait les mômes du quartier à l’Athletic Club de Colombes. Il avait su faire de son club un lieu de mixité sociale stimulant, instructif, novateur avec comme devise : « entrainer c’est aimer ».
Je prends alors conscience qu’un club sportif qui marche bien dans un quartier c’est aussi important qu’un collège, et surgit l’idée de reconnaitre le travail incontournable des éducateurs par le sport auprès de ceux qui sont laissés au bord du chemin.
Le mouvement « Fais – nous rêver »
En 1997 avec Jean – Claude Perrin nous lançons le mouvement « Fais – nous rêver » pour détecter les meilleures initiatives en matière d’éducation et d’insertion par le sport au sein des clubs sportifs et récompenser ainsi les porteurs de projet en leur attribuant un label. Nous découvrons tous ces acteurs de l’ombre, ces héros du quotidien, qui agissent pour combattre l’exclusion sous toutes ses formes. Dans la plupart des grandes villes de banlieue, de Sevran à Calais, de Marseille à Roubaix, les principales actions sociales et éducative proviennent des clubs sportifs.
En 1999 nous organisons le premier forum de l’éducation et de l’insertion par le sport Educasport qui réunira plus de 600 participants. 8 forums se sont tenus depuis, au plan national, régional et international. »
L’inclusion des jeunes par le sport
« L’association se structure, grandit et devient l’Agence pour l’Education par le Sport. Nous poursuivons la dynamique du rassemblement des acteurs majeurs de l’inclusion par le sport avec les collectivités locales. Nous lançons avec 9 villes partenaires des études sur l’impact du sport dans les quartiers qui débouchent sur des constats flagrants : le club sportif implanté au cœur des quartiers populaire est un lieu majeur voir inégalé de captation de la jeunesse, les éducateurs sportifs en sont les référents incontournables, l’inclusion par le sport est une des solutions pour répondre aux problématiques sociales des villes. Une nouvelle étape est franchie avec les élus locaux des territoires difficiles : L’APELS accompagne les villes à construire et mettre en place des politiques publiques locales d’éducation et d’insertion par le sport. Calais ouvre un service municipal d’éducation par le sport, à Aubervilliers les dirigeants de clubs orientent leur projet sportif vers sa dimension éducative et sociale, Sevran sensibilise les éducateurs sportifs municipaux de la ville à l’accompagnement des jeunes vers l’insertion sociale, Vaulx- en – Velin crée un espace de concertation « Les assises locales de l’éducation par le sport ».
2015 Naissance de Déclics Sportifs avec LCL
L’inclusion des jeunes par le sport s’impose comme un enjeu national prioritaire. La fracture sociale se creuse, des milliers de jeunes sont sortis des radars, relégués à la périphérie, marginalisés, en situation de décrochage, de précarité économique, très éloignés de l’emploi et des Institutions. Ces jeunes laissés au bord du chemin, ces jeunes qui ne croient plus en rien… et le sport est souvent le dernier rempart contre le délitement social. Il porte en lui des valeurs indispensables à la cohésion sociale. Ces jeunes sportifs ont des valeurs, du talent, de l’énergie, mais pas d’emploi.
L’enjeu nous apparait clairement. Il faut que chaque jeune ait une véritable chance d’accéder à un emploi durable. L’entreprise est un acteur décisif de l’insertion professionnelle. Il faut créer des passerelles entre des mondes qui s’ignorent, il faut que nous développions notre propre dispositif d’inclusion des jeunes par le sport en entreprise.
L’APELS va structurer ce parcours de remobilisation, le professionnaliser à destination des entreprises, le déployer sur l’ensemble du territoire. LCL, sera notre premier partenaire, la première banque à nous faire confiance, à faire confiance à ces jeunes des quartiers difficiles non diplômés, à « ces jeunes de l’APELS » qui ont soif d’engagement et de réussite. Le Crédit Agricole, Solocal, Decathlon, Vinci… en 5 ans plus de 550 jeunes issus des territoires oubliés suivent le parcours Déclics Sportifs, plus de 80% des jeunes ont obtenu une sortie positive (CDI ou CDD de longue durée) et 200 ont intégré le Crédit Agricole et LCL au poste de conseiller de clientèle.
En 2018 partant du constat que l’engagement des éducateurs sportifs pour l’insertion des jeunes n’est pas reconnu, ni valorisé, et fort de ses résultats en matière d’inclusion par le sport à travers « Déclics Sportifs », l’APELS lance un appel aux professionnels du sport pour le développement et la formation des coachs sportifs français à l’inclusion des jeunes par le sport : l’appel de Montreuil du 27 mars 2018. En 2019, nous lançons le programme d’accompagnement au métier de coach d’insertion par le sport. L’objectif est de formé 100 coachs d’insertion sur 3 ans pour accompagner 1800 jeunes les plus éloignés de l’emploi. La première phase est lancée à Roubaix, Chanteloup-les-Vignes, Mantes-la-Jolie, Les Mureaux, Garges-Lès-Gonesse / Villiers-le-Bel en partenariat avec 20 clubs sportifs (Boxe, Football, Athlétisme, Basketball, Judo, MMA, Jujitsu, Parkour, Capoeira). Les premiers résultats sont prometteurs : 60% des jeunes accompagnés ont trouvé un emploi ou une formation, plus de 500 entreprises ont été mobilisées.
En 2020 L’APELS en partenariat avec l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), et avec le soutien des Ministères du Travail, de la Cohésion des territoires et des Sports lance un grand mouvement national d’emploi et de mobilisation des jeunes par le sport : l’Equipe de France Espoir. Le chômage s’amplifie partout en France, créant un désespoir et des situations dramatiques pour de nombreux jeunes français dans les territoires oubliés. Le sport et plus particulièrement les pratiques urbaines seront demain des outils majeurs innovant pour repérer les jeunes, détecter leur capacité et créer de fortes dynamiques locales. Avec « l’Equipe de France Espoir » c’est 10 000 jeunes qui seront mobilisés, accompagnés et suivis sur une centaine de villes partout en France pour créer une dynamique nationale autour de l’emploi des jeunes. Les villes, les entreprises, les acteurs associatifs seront pleinement engagés afin de remobiliser les jeunes des villes.
Depuis 25 ans, j’ai l’intime conviction que l’inclusion par le sport est un formidable levier pour repérer et toucher ces jeunes qui sont relégués à la périphérie, oubliés, marginalisés, en situation de décrochage, de précarité économique, très éloignés de l’emploi, pour les amener à des parcours d’inclusion dans l’entreprise, leur donner accès à un emploi durable, leur redonner confiance, leur ouvrir un avenir.“
Jean-Philippe ACENSI, Président de l’Agence pour l’Education par le Sport